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VOUS AVEZ DIT : « STATUE-MENHIR ? »

Tout le monde connait les menhirs, pierres brutes ou mises en forme destinées à être dressées et souvent de très grande taille.

Ces lourdes pierres peuvent évoquer par leur silhouette un personnage,
mais la plupart du temps elles ne portent aucun détail anatomique. En revanche, sur les statues-menhirs, un visage schématique, une ceinture, un vêtement, des bras et des jambes plus ou moins habilement gravés ou sculptés évoquent immédiatement un personnage.

Lorsque la statue est féminine, elle porte généralement une crosse et des seins; lorsqu’elle est privée de seins elle est considérée comme masculine. Dans le sud-ouest de la France, les masculines ont généralement une sorte de poignard, appelé «objet». Plutôt énigmatique, l’«objet» est muni d’une boucle que prolonge une lame triangulaire. Des colliers à un rang en bas Languedoc, à rangs multiples en Rouergue, complètent divers ustensiles comme une hache, un arc, une pendeloque ou une coiffe. On retrouve quelques-uns de ces éléments dans les statues ci-dessous.

Le caractère qui distingue fortement cette statuaire de toutes les autres est l’absence de bouche qui lui a valu le nom de «déesse muette». A quelques rares exceptions connues, cette règle est générale. Sans doute faut-il mettre cette absence de bouche sur le compte de la représentation
de personnages ou de divinités associés à la mort.

Certaines statues-menhirs sont en effet liées à des sépultures ou représentées en relief sur les parois de tombes souterraines. Quant aux attributs guerriers et à la crosse, ils peuvent être considérés comme des symboles de pouvoir ou de valeur. Notons que plusieurs statues-menhirs ont changé de genre passant alternativement de féminines à masculines.

LES STATUES-MENHIRS DU SUD DE LA FRANCE

La distinction peut se faire entre des groupes plus ou moins importants de statues-menhirs. Il faut distinguer la forme du support, ses dimensions et des motifs particuliers qui déterminent des styles. On constate facilement que ces styles ont une distribution géographique bien précise, comme dans la carte de la figure 1. On peut parler de styles régionaux et de sous-groupes stylistiques qui évoluent tout au long des IVe et IIIe millénaires av. J.-C. Cependant, des contacts existent d’une région à l’autre qui se manifestent par la diffusion de motifs emblématiques, comme la « crosse » ou le visage souligné de lignes courbes.

Comme l’illustrent les exemples de la figure 2, les statues-menhirs du Rouergue ainsi quecelles du Languedoc central sont les plus richement ornées. Elles portent visage, bras,jambes, vêtements et plusieurs motifs. Celles du groupe Gard-Ardèche ne possèdent jamaisde jambes. Celles des groupes héraultais et Gardonnenque se réduisent souvent au visage età un attribut (collier, ceinture ou poignard). Les stèles de Provence sont des sortes de bustesoù seuls le visage et une coiffe (sous-groupe Durance-Maures) sont représentés. Cesdernières sont les plus anciennes. Des exceptions existent cependant dans chaque groupe,mais certaines caractéristiques sont bien établies, notamment l’aspect du visage.

PRINCIPAUX GROUPES DE STATUES-MENHIRS

DATATIONS

Au Néolithique, les statues-menhirs existaient dansplusieurs régions d’Europe. Des plaquettes de rocheet des statuettes cylindriques, des blocs naturelsornés, des gravures et des peintures dans des grottesartificielles (hypogées), des tombes mégalithiques(dolmens) ou des abris sous-roches leurs sontapparentés. (figure 1).Quelques menhirs et dolmens gravés ou sculptésremontent au Ve millénaire. Les plus anciennes statues-menhirs pourraient dater de cette période. Maisla majorité appartient à la fin du Néolithique, entre3500 ans à 2200 ans avant J.-C. (figure 2).Des statues-menhirs sont produites pendant ce lapsde temps du Yemen, du Portugal à l’Ukraine. Aussi,l’hypothèse d’une diffusion à partir d’un «foyer indoeuropéen» ou «Kourgane», situé dans la région de laMer Noire ou de la mer Caspienne, vers l’Europe occidentaleest parfois avancée sur la base de ces ressemblances.Il n’existe pas encore de preuve totalementconvaincante de cette propagation.Des statues armées et des «stèles panoplies»munies d’épées ou de boucliers leurs succèdentjusqu’à l’âge du Fer. D’autres sont encore plus récentes,notamment au Moyen-orient et en Asie(Mongolie) ou en Afrique de l’Est (Ethiopie) (figure3).

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